Invité à intervenir au barrage de Mauvoisin, le plasticien valaisan raconte l’histoire de «L’ami simple» en trente panneaux recto verso.
L’âne n’est pas toujours gris avec Valentin Carron! Tout au long du défilé d’impressions organisé par le plasticien valaisan sur la couronne du barrage de Mauvoisin, il vire au rose, au vert, au mauve, passe du noir au bleu, du gris au jaune. Mais est-ce vraiment un âne? Difficile avec ces profils sculptés par la couleur de s’en remettre à la taille pour en juger. À moins que les oreilles, assez grandes, ne fassent pencher la balance du côté du mulet, cet équidé dont les ancêtres ont sans doute porté un peu du poids de l’ouvrage construit tout au fond du val de Bagnes entre 1951 et 1958.
La référence au lieu, à son histoire n’est pas la seule dans «L’ami simple», succession de trente grands formats recto verso. Valentin Carron, porte-drapeau de la Suisse lors de la Biennale de Venise 2013, aime les références comme les filiations. Il s’en sert, se les approprie comme un matériau donné à tous. L’ancien étudiant de l’ECAL l’a fait avec les Ciao, iconiques bécanes de Piaggio, avec des instruments de fanfare, des éléments vernaculaires, des croix, dont celle dressée à l’entrée d’Art Basel en 2009, et joue sur les déplacements de sens.
«Valentin Carron aime les références comme les filiations. Il s’en sert, se les approprie comme un matériau donné à tous.»
Pour cette aventure artistique en altitude – l’invitation est lancée à un artiste différent chaque été par Jean-Paul Felley, directeur de l’édhéa, École cantonale d’art du Valais – il se dit que c’est une illustration pour une édition des «Fables» de La Fontaine qui a servi de source à l’artiste. En extrapolant, on peut aussi voir un autre retour à un monde fabuleux dans ses compositions à la croisée des alignements pop de Warhol et des découpages si précis de Matisse: la belle époque des plots de couleur.
Suivant la face choisie, on mélange les formes, les corps sont tronqués, perdent un membre et c’est la réalité qui perd pied, on bascule dans un autre monde. L’imaginaire. Comme les mulets de Valentin Carron, à la fois si légitimes dans ce biotope et si étrangement détonants même dans cette nature où l’œuvre de l’homme a déjà imprimé sa marque monumentale.
August 16, 2020 at 08:25PM
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Quand l'art prend de la hauteur – La fable de Valentin Carron - Tribune de Genève
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Piaggio
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